L’émergence des logiciels libres au sein de la sphère marchande a de quoi soulever certains questionnements, et si nombre d’experts en informatique s’en font les apologistes, leurs enjeux ne sont pas seulement techniques, mais économiques et sociaux. S’il en est, la rationalité économique ne saurait être la rationalité scientifique et la sélection par le marché se faire sur de seuls critères techniques. On n’adopte donc pas forcément les meilleurs produits, mais c’est ce processus d’adoption qui les rend meilleurs [Arthur, 1989]. La qualité « meilleur » d’un produit ne s’envisage pas, dans la sphère économique qui nous intéresse, selon des critères scientifiques. Ce sont les conventions sociales venant la structurer qui feront que l’on choisira une technologie plutôt qu’une autre, qu’elle sera jugée meilleure, supérieure, par l’ensemble de ses utilisateurs et des adopteurs potentiels. Dans le cas des biens en réseau comme l’est le logiciel, ce processus prend d’autant plus d’importance qu’il est auto-renforçant : plus un tel bien est adopté, plus il est attractif et plus il sera adopté par la suite.